Publié par le guide Sébastien Foissac
Comme chaque été, Franck vient passer un moment dans la Valouise. À chaque fois, nous faisons une escalade en vallée et une course en haute montagne.
Cette année, après avoir grimpé la fissure d’Ailefroide, je lui propose d’aller gravir le Pic Coolidge en l’agrémentant d’un bivouac aux abords du Col de la Temple, à proximité de l’ancien abri-bivouac aujourd’hui détruit. L’idée le motive bien.
Ce sommet porte le nom de William Augustus Breevoort Coolidge qui en fit la première ascension en 1877 en compagnie de son fidèle guide suisse Christian Almer.
Ce conquérant aux 1700 courses dans les Alpes eut le mérite de faire connaître le massif des Écrins où il fut le premier sur pas moins de trente sommets, souvent accompagné de son chien !
Sûr qu’à cette époque, les joies du bivouac leur étaient familières.
Sur cet itinéraire long, mais facile, bivouaquer au cœur du glacier noir donne une dimension totalement différente à la course. Plusieurs emplacements servent traditionnellement de bivouac, le bivouac des Balmes en haut de la moraine du glacier noir, le bivouac des perches en rive gauche du glacier noir et le bivouac du col de la temple où se trouvait un bel abri en bois désormais détruit. C’est celui que nous avons choisi.
Arriver, à cet endroit, comme un balcon, et se dire que l’on va dormir là.
Lézarder avec une bonne bouteille de Sauternes et quelques toasts de foie gras sous la caresse des derniers rayons.
Voir le soleil se coucher sur les prestigieuses faces nord de l’Ailefroide, du Pic Sans Nom ou du Pelvoux qui se teintent de rouges, roses, bleus... Un vrai festival !
Ouvrir les yeux dans la nuit, et voir la voûte étoilée au-dessus de sa tête ; distinguer les montagnes éclairées par la lune.
Puis se réveiller, juste à temps pour apercevoir les teintes rougeâtres au-dessus des Agneaux, prémices du lever de soleil.
Préparer son petit déjeuner avec le bruit si caractéristique et réconfortant du réchaud qui ronronne. Enfin, savourer les premiers rayons qui nous réchauffent en quelques instants alors que nous sommes déjà si proches du sommet. Apercevoir une cordée en face sur l’arête de Coste Rouge, puis du sommet, rêver de grimper le pilier sud des Ecrins.
Finalement, redescendre dans la vallée, et croiser des cordées, bien plus bas, qui montent vers notre chambre avec vue.
Se doutent-elles des joies qu’il y a à passer une nuit là-haut ?
Et vous, à quand votre tour ?