Le samedi 8 juin, avec un groupe de six valeureux Tarbais, nous révisons les rudiments du déplacement en crampons sur les langues terminales de glace du glacier blanc, sous un ciel céruléen ne laissant rien paraître de la fureur qui s’abattra sur ces montagnes la nuit suivante.
Au refuge des Écrins, Damien (gardien récemment transféré depuis le Pelvoux) confirme nos craintes : dimanche des averses orageuses sévissent dès le début de matinée, anéantissant le peu d’espoir aux alpinistes présents de parvenir au but convoité. Seule solution envisageable, partir après le repas et gravir le sommet de nuit, éclairé par le pâle halo d’un quartier de lune, ce qui implique une journée à 2200 mètres de dénivelé. C’est rude, mais nos compagnons seront aussi solides que leur accent est marqué.
Départ à 20h30 du refuge, les conditions sont bonnes, la trace directe (évitant une grosse partie des séracs) est raide, nous progressons rapidement et nous sommes au sommet 3 heures plus tard, le ciel est étoilé, nous distinguons quelques sommets lointains : des Ailefroides au Kilimandjaro. Paradoxalement, plus on monte vite et moins on se fatigue, ce théorème est vérifié par de nombreux guides, mais contesté par leurs genoux.
Au parking à 4h les éclairs claquent derrière le Pelvoux, Vallouise est noyée sous l’orage, Briançon emporté par une lame de fond, durant les deux journées suivantes il neigera 50 centimètres au refuge. Cette première course lance la saison.
Récit du Guide Julien Cruvellier De Luze