Le guide du Villard.
Jean-Jacques Prieur est né en 1945 à Lyon.
La montagne, dès l’âge de douze ans au Villard de Vallouise dans un contexte de regroupement familial et amical. il tombe dedans pour mieux monter dessus.
Son initiation à la haute montagne commence, complétée de l’indispensable perfectionnement technique à l’escalade à Cormot en Bourgogne aux côtés d’alpinistes de très haut niveau tel Jean-Paul Paris. Progression équilibrée et rapide sur les deux types de terrains par l’accumulation d’ascensions de sommets peu à moyennement difficiles et les répétitions des grandes classiques du Vercors et de la Chartreuse. Le tout sous l’oeil bienveillant des familles de Marcel Martin et Amédé Reymond du Villard.
Campant au Pont des Places dans la vallée de l’Onde, en amont du Villard, le cirque des Bans devient son terrain de jeu favori où il croise souvent Tiapa Langevin et Jean Lepeut.
Sa première "Première" plus élégante que difficile au spigolo sud du Contrefort Médian des Bans lui vaut l’amicale considération de ces deux guides de la Compagnie. La quatrième ascension de la célèbre face sud directe des Bans le met en prise directe avec ces derniers qui en avaient réalisé la première deux ans plus tôt avec les autres guides André Giraud et Jean-Pierre Fédèle.
Deux ans plus tard c’est l’ouverture d’une grande voie dans la face nord du Pic Sans Nom avec Jacques Dumas, qui déplace son centre d’intérêt sur les parois du Glacier Noir.
En 1968, la maîtrise acquise lui permet d’obtenir le diplôme d’aspirant guide avec la mention "Bien" en compagnie relevée entre autres de Jacques Kelle et Georges Nominé. Une aventure peu commune de situation critique vécue au cours de ce stage le liera d’une amitié indéfectible au célèbre guide de la Compagnie Paul Keller.
L’apprentissage du métier commence tout en restant un amateur actif avec la quatrième ascension de la voie Couzy Desmaison à l’Olan, des répétitions de la Ginel Renaud à la face nord de la Meije avec Fred Augé et de la Devies Gervasutti avec Paul Keller. Également deux ouvertures d’itinéraires encore en face nord du Pic Sans Nom et du Pic du Coup de Sabre.
Son origine citadine donne lieu à quelques difficultés pour intégrer la Compagnie mais l’amitié des guides précités, Tiapa Langevin, Paul Keller et Marcel Molinatti ainsi que le témoignage d’André Buisson sur le sérieux du travail effectué au titre de renfort auront raison des résistances alors traditionnelles dans ces cas d’espèce.
Actif à cent pour cent au Bureau d’Ailefroide de 1976 à 1986, il y a lieu de sourire en évoquant pour cette période le contraste entre son premier client : un néo Tartarin qu’il eut à "guider" sur la moraine du Glacier Noir ; et son dernier, beaucoup plus sérieux, qu’il conduisit dans le célèbre couloir Victor Chaud au Pelvoux à une époque où la modernisation du matériel glaciaire n’en était encore qu’à ses débuts.
Le reste de sa carrière l’a vu faire passer fièrement sa médaille de guide des Ecrins sur presque tous les massifs de montagnes du globe, ce plusieurs fois à plus de 7500 mètres d’altitude mais sans jamais accéder aux mythiques 8000.
Cette carrière l’a comblé. Il a renvoyé l’ascenseur si l’on ose dire en occupant un poste important au comité directeur du Syndicat National des Guides de Montagne de 1984 à 1988. Puis toujours bénévolement, le poste tout aussi anonyme que prestigieux de Secrétaire Général du Groupe de Haute Montagne.
Au terme d’un évident transfert affectif, pour les habitants du Villard, le petit blond lyonnais, à qui ils prêtèrent avec une sympathie amusée un premier piolet et un sac à dos, est devenu le guide de haute montagne issu de leur village, de leur rang.
Quelle fierté pour Jean-Jacques Prieur d’être au sein de la Compagnie "le" guide du Villard sous les auspices du Pic de Bonvoisin.